Dans le cadre de son accompagnement agroécologique, le service technique de REPAIR travaille en étroite collaboration avec ses adhérents producteurs afin de tester sur leurs exploitations des méthodes de lutte alternatives contre les ravageurs des cultures.
L’un des ravageurs les plus couramment rencontré en cultures sous abris est l’aleurode. Ce petit insecte peut entrainer de lourdes conséquences sur les exploitations agricoles.
Portrait et cycle de croissance :
Appelée également mouche blanche, l’aleurode est un insecte piqueur-suceur polyphage. Il s’attaque en effet à différentes cultures (tomates, concombres, melons et aubergines).
Les adultes se logent principalement sous les jeunes feuilles.
Les larves sont de forme ovale, aplatie et de couleur blanchâtre à jaunâtre suivant l’espèce. On les observe plus souvent sous les feuilles inférieures des plants maraîchers.
Le cycle de développement de l’aleurode varie en fonction des conditions climatiques et des températures. Par exemple, à 30°C, l’aleurode met 25 jours pour passer du stade d’œuf au stade d’adulte.
Symptômes et dégâts :
Les aleurodes génèrent surtout des dégâts indirects sur les cultures en étant responsables du développement de la fumagine, une maladie causée par différentes espèces de champignons qui se développent en voile sur le miellat (les déjections sucrées des aleurodes) déposé sur les feuilles et fruits. Cette suie noire, affaiblit la plante en diminuant la photosynthèse et rend parfois les fruits impropres à la commercialisation.
Enfin, les aleurodes peuvent être vecteurs de virus, tel que le TYLCV transmis par Bemisia tabaci.
Le TYLCV, ou maladie des feuilles jaunes en cuillère de la tomate, engendre une baisse considérable du rendement qui peut dépasser 50% par rapport aux témoins non infectés.
Action des champignons entomopathogènes :
Les spores du champignon germent sur l’insecte. On peut d’ailleurs observer les filaments du mycélium se développer à l’extérieur de l’hôte. Ensuite, il pénètre la cuticule de l’insecte qui finit par mourir. Le développement de ces pathogènes est fortement dépendant des conditions d’humidité et de températures.
Les champignons entomopathogènes infectent en premier lieu les adultes et contaminent, grâce aux déplacements de ces derniers, les larves présentes aux alentours. Les œufs, eux, ne sont pas affectés.
Expérience in situ :
Fin janvier 2021, Frédéric, technicien de REPAIR, avait proposé à Yvann Calmels, adhérent certifié « agriculture responsable » sur Païta, d’introduire sur ses cultures de tomates un champignon entomopathogène non observé jusque-là sur son exploitation. L’objectif étant d’inoculer le champignon en espérant qu’il s’installe durablement au sein de sa serre.
Ce dernier a pu être prélevé chez un autre producteur de tomates du réseau où l’action bénéfique du champignon avait été observé depuis plusieurs années. Début 2021, grâce aux conditions climatiques humides favorables à son développement, les populations d’aleurodes avaient pu être totalement régulées.
Le 26 janvier, une cinquantaine de feuilles de concombre hébergeant le champignon entomopathogène a pu être déposée sur les pourtours de la serre de tomates d’Yvann Calmels.
3 mois plus tard, les résultats sont plutôt encourageants. En effet, Frédéric et Yvann ont pu observer que le champignon s’était bien installé dans la serre et avait déjà contaminé quelques aleurodes sur ses plants de tomate.
Il ne reste plus qu’à suivre le développement de ce champignon ainsi que l’évolution des populations d’aleurodes présentes sur les cultures de tomates d’Yvann.